La Compagnie Primitif fête ses 10 ans en 2024
La Compagnie Primitif sort cette année sa création Hip hip hop Hourra qui retrace l’histoire du break, discipline inscrite aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Elle porte également le Rennes Storming Festival dédié aux danses hip-hop et cultures urbaines. Mais c’est aussi et surtout une équipe !
Pendant ma semaine de stage, je me suis intéressée au breakdance, qui est un style de danse très populaire. A l’occasion des Jeux de Paris 2024, le breaking entre encore un peu plus dans le monde de l’olympisme car il s’inscrit cette fois au programme des Jeux Olympiques en tant que sport additionnel. De mon côté, je connaissais vaguement le breakdance. Je pratique un style de danse différent, le classique et le moderne jazz. Le breakdance n’était pas vraiment un style qui m’attirait et pourtant grâce à mon stage, j’ai pu en apprendre plus sur cette discipline, découvrir des spectacles de ce genre et échanger avec des bboys qui m’ont parlé de leur métier passion.
Au sein de la Compagnie Primitif, il y a François Bazenet qui est le chorégraphe fondateur de la Compagnie et danseur. A ses côtés, Jordan Lebreton et Ivan Stanimirovic sont, eux aussi, danseurs de breakdance. Étant élève de 3ème qui devra choisir une orientation, je leur ai posé quelques questions sur leur parcours en tant que danseurs professionnels.
A quel âge avez-vous commencé à danser ?
Jordan : à 13 ans
Ivan : à 14 ans
François : à 18 ans
Qu’est-ce que vous avez ressenti en montant sur la scène pour la première fois ?
Jordan : J’ai ressenti une satisfaction de montrer le fruit de mon travail et que cela plaise en plus.
Ivan : Pour ma part, j’ai eu beaucoup de stress de danser devant beaucoup de personnes.
François : Quand je suis monté pour la première fois sur la scène, j’étais en primaire pour une fête de fin d’année et je me souviens d’avoir eu peur puis une grande excitation d’être passé devant tous les parents.
Avez-vous fait des études, des formations ou des stages particuliers pour faire ce que vous faites aujourd’hui en tant que danseur ?
Jordan : Pas spécialement.
Ivan : J’ai dansé à la FAC en spé danse. Je suis allé au CCNN de Nantes puis au Pont Supérieur pour les ERD Danseurs professionnels (entraînement régulier de danseur) pendant 2 ans. J’ai aussi participé à beaucoup de stages en danse contemporaine.
François : J’ai fait des études, mais qui n’ont rien à voir avec la danse. J’ai une licence en Biologie et j’ai fait l’école spéciale militaire de Saint Cyr Coëtquidan. Concernant la danse, j’ai pris des cours, fait des stages, mais je suis plutôt autodidacte.
Pourquoi avez-vous choisi de faire du breakdance ? Pratiquez-vous d’autres styles de danse ?
Jordan : C’est le côté spectaculaire et artistique qui m’a attiré. Et non, je ne fais pas d’autre danse en plus.
Ivan : Pour sa créativité, les figures et l’univers du break. Je pratique aussi la danse contemporaine.
François : Oui, je danse d’autres styles, mais ma spécialité est le breaking.
Quelles émotions ressentez-vous lorsque vous dansez ?
Jordan : Une LIBERTÉ et un défoul’art.
Ivan : De la LIBERTÉ.
François : Du plaisir, une sorte de plénitude, la LIBERTÉ.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui veut commencer la danse ?
Jordan : Il faut de la persévérance.
Ivan : Qu’il faut y aller, la danse c’est une passion qui se vit de l’intérieur et à fond.
François : FONCE !!!!
En conclusion, il n’y a pas d’âge pour commencer à danser. Que l’on soit jeune ou vieux, professionnel ou amateur, tout le monde a accès à la danse. Mais il ne faut pas oublier la notion de l’entraînement et le travail qu’il faut apporter pour pouvoir danser. Pour la notion de l’entraînement, je leur ai demandé comment ils s’entraînent. Ivan, lui, prend des cours de danse et s’entraîne en plus sur les spectacles 1 à 2 fois par semaine. Avant le spectacle, il faut aussi s’échauffer : Ivan nous dit qu’il s’échauffe 30 minutes avant. François raconte que lorsque le spectacle date d’il y a longtemps, les entraînements sont plus longs, sinon il s’entraîne 3 à 5 fois par semaine dans la rue et dans des salles. Jordan, lui fait deux heures de pratique par jour au mieux selon les cours et les spectacles le même jour. Ensuite, pour être danseur amateur, il n’y a pas spécialement besoin de prendre des cours, ni de faire des stages, sauf si vous en avez envie et que vous voulez vous améliorer ou apprendre des techniques particulières. En revanche, pour devenir danseur professionnel, il est quand même conseillé de prendre des stages ou des cours. Pour être professeur, par exemple, il faut passer le DE (le diplôme d’État). Et puis, le plus important, c’est de croire en soi, d’être engagé dans la danse et d’être passionné. A partir de ça, je pense que tout le monde peut devenir danseur.
Dans la Compagnie Primitif, on retrouve aussi deux jeunes sœurs rappeuses du nom de Magalie et Aurélie qui forment le groupe LBLK. Leur nom de groupe vient de l’assemblage d’Elle.B (LB) pour Aurélie et de Leki (LK) pour Magalie. Voici une petite synthèse de leur interview où je les ai interrogés sur leur parcours en tant que rappeuses.
Ces deux sœurs ont été élevées avec une grande culture de la musique qu’elles doivent à leurs deux parents et leur grand frère, fans de rumba congolaise, de variété et de rap. Elles ont commencé à écrire des comptines pour enfants vers 8-10 ans, puis ont vraiment commencé à écrire des textes de raps dans leur adolescence. Pour Magalie et Aurélie, rapper nous a semblé être le moyen le plus juste pour faire résonner ce qu’il y a en nous. Cet art leur permet de revendiquer la place de la femme dans le milieu du rap et de la société. Ce qu’elles veulent par-dessus tout, c’est transmettre notre passion et notre amour pour l’écriture. Magalie précise aussi que ce qui la rend particulièrement fière, c’est lorsque les gens viennent la voir pour lui dire que ses mots les ont touchés, que c’est bien écrit ou que ça leur parle. Elle se dit reconnaissante envers les personnes qui lui apportent du soutien dans ce qu’elle produit.
Une autre des personnes les plus importantes au sein de la Compagnie Primitif, c’est le Président Steeve Rolland. Je trouvais intéressant de l’interviewer pour avoir un regard assez extérieur en tant que président bénévole sur son ressenti vis-à-vis des spectacles et des festivals organisés.
Pourquoi avoir eu l’envie d’être président d’une compagnie de breakdance ? Quelles étaient vos motivations ? Qu’est-ce qui vous plaît dans votre rôle ?
Il est important de savoir qu’avant d’occuper le poste de Président, j’ai été trésorier de la Compagnie Primitif pendant deux ans. C’est en exerçant le rôle de trésorier que j’ai découvert le fonctionnement de l’association. Au bout de ces 2 ans, on m’a tout simplement soufflé de me présenter au rôle de Président. Mes motivations sont avant tout le fait de pouvoir participer à la croissance de l’association ; de prendre part aux projets culturels et évènementiels de la Compagnie ; d’être en contact avec les artistes et les organisateurs. Ce qui me plaît dans ce rôle de Président, c’est d’être à la fois acteur et spectateur de tout ce que réalise la Compagnie.
Lorsqu’un projet ou un spectacle réussit, quelles émotions ressentez-vous ?
Les premières émotions qui me viennent sont de la fierté et du soulagement pour les équipes mobilisées pour l’organisation à la fin de chaque évènement. D’entendre et de voir des spectateurs conquis sont source de motivation et donnent l’envie de poursuivre, d’étendre cette culture du breakdance.
Et pour finir, est-ce que ce travail de bénévolat vous prend-il beaucoup de votre temps personnel ? Est-ce que cela vous dérange-t-il ?
Le temps personnel que je consacre à l’association est variable. Il peut y avoir des périodes où je peux être plus sollicité que d’autres. Prendre du temps pour l’association n’est pas une contrainte, je le fais avec plaisir. Si on a besoin de moi, j’essaie de me rendre disponible assez rapidement.
Fondée en 2014, la Compagnie Primitif fête ses 10 ans cette année. J’ai donc interrogé le fondateur de l’association sur cet anniversaire et quelles avaient été ses motivations pour créer une association de breakdance. François Bazenet me livre qu’au début de cette aventure, il ne savait pas où cela allait le mener. Il pensait que l’association allait tenir tout au plus 1 ou 2 ans. Il raconte que, malgré les obstacles, ils ont persévéré et tenu bon, car leur but était avant tout de partager leur passion avec le public. Pour lui, ces 10 ans ont été une aventure incroyable. Il partage sa reconnaissance envers les personnes qui ont soutenu ce projet. La Compagnie répond à plusieurs envies. La plus importante est celle d’émerveiller les spectateurs, de leur procurer de l’émotion. L’envie de montrer au public un hip hop brut, éprouvant, mais aussi performant. Et enfin, l’envie de parler des sujets qui les touchent, de leurs origines, de leur histoire ou de la société en général.
Grâce à toutes ces interviews pendant ma semaine de stage au sein de la Compagnie Primitif, j’ai appris énormément de choses. J’ai découvert que derrière une association, il n’y a pas que des salariés, mais il y a plein de personnes sans lesquelles l’association ne marcherait pas. Il y a des bénévoles qui prennent de leur temps personnel pour venir aider gratuitement la Compagnie. Les bénévoles sont très impliqués lors du Rennes Storming Festival. Par exemple, Philippe avec qui j’ai pu discuté, m’a expliqué qu’être bénévole pour lui c’est se sentir participé à la réussite des évènements : On apporte un soutien à des moments clés. Perso, j’adore l’énergie des battles, l’ambiance dans la salle. Il y a tout âge et tout le monde se sent vibrer ensemble. Il y a aussi les emplois techniques, comme Ludivine Froissart par exemple, qui est administratrice de production de spectacle vivant & production du festival. Son métier est étendu, de l’organisation au côté économique et social de l’association, mais aussi la communication avec le site internet par exemple. Les membres sont aussi importants tout comme les partenaires. Toutes ces personnes font partie de l’association et lui permettent de fonctionner. En tant que danseuse, j’ai aussi en partie découvert un style de danse à l’opposé du mien, le breakdance. Cela m’a permis de cerner le travail qu’il faut fournir pour devenir danseur/se professionnel/le. J’ai aussi appris pleins d’autres choses mais je m’arrête là car je dois retourner en classe de 3ème lundi matin et passer mon DNB bientôt. Maintenant à vous de venir découvrir la Compagnie Primitif, son équipe, ses spectacles et son festival chaque automne !
10 ans d’une aventure humaine incroyable !
Article réalisé par Clémentine N. élève en 3ème au Collège Saint-Joseph de Pipriac en tutorat avec Ludivine F.